LAURÉATE PRIX MARFA UNE BOURSE POUR UNE RÉSIDENCE À MARFA AU TEXAS Morgane Baffier École supérieure des Beaux-arts de Paris-Cergy Vit et travaille à Paris Face au public et dos à un écran de projection, assise à son bureau et éclairée par la lumière d’un rétroprojecteur, Morgane Baffier a tout de la parfaite conférencière. Mais là où les apparences sont trompeuses, la teneur performative et artistique de ses interventions est, elle, sans équivoque. Pendant des durées variables, de cinq à vingt-minutes, Morgane Baffier discourt sur des questions existentielles, dessinant simultanément schémas, croquis, graphiques pour étayer les réponses qu’elle y apporte. Mots et dessins sont utilisés par l’artiste comme des vases communicants, des médiums articulés au service de la transmission d’idées. Morgane Baffier s’attache à choisir des sujets volontairement larges, comme l’amour, la crise, l’art, autant de points de départ à des questionnements généraux et fondamentaux dont l’ampleur est à ce point insondable qu’elle est évidemment en décalage avec la manière dont l’artiste les traite. Andréanne Béguin

Théories, 2022, vidéo-conférence,  11 minutes

LAURÉAT PRIX MÉLANIE RIO FLUENCY UNE EXPOSITION PERSONNELLE DANS LA GALERIE MÉLANIE RIO FLUENCY Damien Caccia Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Nantes Saint Nazaire Vit et travaille à Paris Du palimpseste jusqu’à l’expéri- mentation des techniques numériques en passant par le portrait, ma démarche a été dominée jusqu’ici par la narration, c’est-à-dire par mon désir de raconter ce qui m’entoure en plaçant le spectateur à l’intérieur d’une fiction en train de s’élaborer. Cette fiction constituée par le monde des formes et des couleurs, est, bien sûr, celle de la nature mais une nature fragmentée, rythmique. Elle s’illustre chaque fois à travers un thème qui est à la fois spatial et environnemental (le plongeur, le jardin, les portes, la neige, la nuit, l’étang) . Chaque thème donne lieu à une séquence qui se décline dans un temps d’inégale longueur. Ce parcours à travers cette nature éclatée, saisie dans le vertige de sa mutabilité m’a progressivement conduit à une plus grande abstraction. Aujourd’hui cette abstraction se manifeste par des techniques et matériaux divers (acrylique sur verre, béton, plâtre, bâche et tissus déteint à la javel...). Ces choix techniques consistent à diffracter la lumière de la peinture aussi bien dans sa transparence que dans son opacité. Car il ne s’agit pas d’ajouter des couleurs comme sur une toile blanche mais bien des les faire apparaître du support même. C’est un travail de soustraction plutôt que d’addition. Ma manière d’appréhender le réel en découle. Ce qui m’a poussé à essayer de capturer simultanément l’infiniment grand et l’infiniment petit. J’entends ainsi saisir le moment où la matière se met en mouvement ; moment infinitésimal, indicible, pulsionnel où la couleur se transforme en vibrations, puis en particules, en agglomérats incandescents juste avant de percuter les paysages sidéraux ou intérieurs. Ainsi saisis, fixés dans l’instant, ces paysages sont à leur tour retraduis en ondes, particules lumineuses, irradiations que perçoit la rétine du spectateur. La fragilité apparente du support qui se casse ou se déchire renvoie davantage à l’idée de transparence et au mouvement perpétuel de création et de destruction. Le temps ici est une variante, une action qui abrase les aspérités et fluidifie la matière afin que la forme et la couleur ad- viennent d’elles-mêmes. La dureté minérale du support ou au contraire sa transparence liquide et lisse ont pour objet de fixer le bouillonnement de la matière, de sa couleur en deçà de l’image comme sur une plaque sensible.

Paestum : acrylique sous verre béton, 40x56cm, 2017-2021

LAURÉAT PRIX DE POURQUOY ACQUISITION D'UNE ŒUVRE POUR UN MONTANT DE 2500 EUROS Olivier Bémer Le Fresnoy Studio National des Arts Contemporains Vit et travaille à Paris Au travers de films, d’installations, d’objets et d’impressions, son travail explore la relation que nous entretenons avec la technologie et la façon dont elle change notre rapport aux objets, au temps, à nous-même et aux autres. Dans un environnement de plus en plus rationalisé par la numérisation des échanges, des paradoxes émergent ici et là d’un océan statistique saturé d’informations. Si bien que les objets alentours nous pré-mâchent le réel pour le rendre plus digeste. La sérendipité est alors abandonnée au profit de chemins mieux balisés – confortables mais très empruntés. Les stéréotypes y déambulent maladroitement et manquant de récit pour mieux s’articuler ils échouent à représenter. Le futur peine donc à se réaliser et nous trouvons du sens au hasard.

Mug Phenomena, 2022, vidéo HD, 12’02’’, 16:9, ST, animation 3D,  fiverr.com, Jeune Création, Fondation Fiminco, Pantin, 2022

Pauline Beck

École Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris

Vit et travaille à Paris

 

- dormir, manger, aimer - Pourvu  qu’il y ait du feu, pour cuire les  aliments et les bols en grès,  fondre le verre dans le creuset et  chauffer les fruits dans l’alambic.  Pauline Beck crée pour et  autour du foyer. Elle façonne  des sculptures et installations  constituées de savoir-faire  précieux, de paysages, d’odeurs,  d’esprits et de la lumière du soleil.

Elle puise dans un territoire, dans  des commotions personnelles  et dans l’anecdotique pour  modeler des formes nouvelles à  des histoires universelles. C’est  l’homme et la nature, la patience  et la tendresse, le sol et le ciel. Les  problématiques sont éminemment  actuelles et pourtant, il n’y a rien  de nouveau sous le soleil.

Floryan Varennes

Écola Supérieure d'Art et Design de Toulon

Vit et travaille à Nantes

 

Les recherches transversales de  Floryan Varennes touchent avant  tout à la sculpture, mais aussi à l’installation, l’écriture et aux  environnements olfactifs.  À la source de sa réflexion et de  sa pratique, il déconstruit et  entrelace deux registres chrono- logiques opposés : l’histoire  médiévale et les futurs science- fictionnels. Du folklore médiévale,  et de son écho la Fantasy,  il exploite archives et marges qu’il  compulse : des systèmes de  protection et de parades aux  relations amoureuses en passant  par des rapports héroïques.  Des futurs spéculatifs, il quest- ionne l’univers du soin, le care,  des avancées cliniques aux  matériaux chirurgicaux et  conjugue plusieurs types d’actions  thérapeutiques aussi bien  végétales que bio-médicales.  Pour ce faire, il incorpore  différentes techniques dans son  travail, depuis des savoir-faire  ancestraux et artisanaux jusqu’ aux procédés technologiques.  Son intention est de réaliser des  extensions de corps appareillés  et prothétiques, protégés ou  entravés, aux espace augmentés  et saturés, ces fragments sensibles  apparaissent dans son œuvre  comme un ensemble social,  symbolique et métaphysique.

Par cette combinaison singulière,  Floryan Varennes donne forme à  ses principales préoccupations :  se décoller des essentialismes,  en bouleversant les systèmes  binaires et les savoirs institution- nalisés. Du trouble à la violence,  du soin à la guérison, de l’atteinte  à la sauvegarde, du désir à  l’amour, son parti-pris engagé  et poly-sémique est celui d’une  attention aux entre-deux où se  réunissent des états contraires,  des corps queers et fascinants  aux espaces de frictions.

Bérénice Nouvel

École des Beaux-arts de Nantes Saint Nazaire

Vit et travaille à Nantes

 

Quand je peins, je tiens à travailler  avec différentes manières,  différents registres de peinture.  La médiation du pochoir côtoie  l’affect du fait-main, une gestualité  qui apparait par touches. Tous  mes tableaux sont travaillés  comme un collage, par superposi- tions et ajouts successifs, jusqu’à  ce que la composition puisse tenir.  J’aime que leurs couleurs ou  l’impression de dejà-vu qu’ils  dégagent attrapent le regard des  spectateurices, comme un crochet  musical dans une chanson pop. Pour les assumer en tant qu’objet,  je travaille souvent mes peintures  en forme, et tiens à peindre tous  leurs bords. Leur surface est  néanmoins aussi  le lieu de toute  mon attention. Elle est chargée de  signifiants ou parfois silencieuse  et ouverte aux projections,  comme un fond vert, ou une boîte  vide. Dans la photographie, mes  peintures deviennent des décors  et ma chienne Cola, ou ma voiture,  les stars d’une composition.

Mis en rapport d’évidence, ou  rassemblés par association  d’idées, les images, signes et  objets que je mobilise sont  choisis pour leurs enjeux anthro- pologiques d’attachement, qu’ils  soient de l’ordre de la nostalgie  ou du fantasme. Une autre  limite avec laquelle j’aime jouer,  c’est celle du « bon goût ».  Ou du mauvais? Peu importe: les  deux saveurs sont proches.  Je cherche néanmoins à faire  surgir un grincement: l’humour et  la surenchère de moyens doivent  toujours laisser une place pour  penser le degré de naïveté dans  lequel on se laisse prendre,  ou non. »

Host - 2 Place Sainte Croix - 44000 Nantes

host.invitationsdartistes@gmail.com